décembre 14, 2022

Abstract

Cette étude vise à analyser la relation entre les inégalités de genre et la croissance économique en Afrique subsaharienne. Pour y parvenir et conformément à la littérature économique, notre cadre d’analyse économétrique s’est appuyé sur des estimations par panel VAR tenant compte de la dépendance interindividuelle et de l’hétérogénéité des pentes, et suivies de tests de causalité de Granger sur un ensemble de 11 pays d’Afrique Subsaharienne de la période 2000 à 2019. Afin de pouvoir cerner les diverses dimensions des inégalités de genre, nous utilisons dans ce travail plusieurs variables. D’abord, l’Indice d’Inégalités de Genre (GII) du PNUD afin de percevoir l’effet des inégalités de genre dans leur globalité sur la croissance économique et ensuite successivement, le taux brut de scolarisation primaire féminine, le taux de fertilité chez les adolescentes, la proportion des sièges occupés par les femmes dans les parlements nationaux et le taux de participation des femmes à la population active. Les résultats de notre étude montrent que les inégalités de genre en général ont un effet négatif sur la croissance économique et qu’il existe une relation causale bidirectionnelle entre cette dernière et les inégalités de genre. Particulièrement, nous avons pu confirmer l’effet positif de l’éducation des filles, de la réduction des grossesses précoces et de l’augmentation du niveau de représentation politique des femmes au parlement sur la croissance. Seul le taux de participation des femmes à la population active semble avoir un effet négatif sur la croissance économique. Nous avons également pu confirmer l’effet positif de la croissance sur la réduction des inégalités de genre en général et particulièrement son effet positif sur la réduction des inégalités de genre dans l’éducation, la santé et le statut économique des femmes. Seul son effet sur le niveau de représentation politique des femmes dans les parlements nationaux n’a pas pu être confirmé. Ainsi, la relation causale entre la croissance économique et le niveau de représentation des femmes au parlement n’est qu’unidirectionnelle et part du niveau de représentation des femmes au parlement vers la croissance économique. Enfin, l’effet positif des dépenses publiques en éducation et en santé sur la croissance a été prouvé ; hors mis dans les relations croissance-éducation et croissance-santé où nous remarquons respectivement un effet négatif des dépenses en éducation sur la croissance et un effet non-significatif des dépenses en santé sur la croissance d’une part et d’autre part un effet négatif des dépenses en santé sur la croissance. Cela suggère que les dépenses effectuées dans ces secteurs en Afrique subsaharienne ne sont pas orientées suffisamment vers l’éducation et l’apprentissage des femmes ainsi que la santé maternelle et reproductive afin d’améliorer le capital humain féminin en Afrique et ainsi favoriser une croissance plus inclusive. À la suite de ces résultats, nous recommandons que les États d’Afrique subsaharienne renforcent leurs efforts à la réduction des inégalités de genre dans l’éducation et la santé maternelle et reproductive de même que la sensibilisation des communautés au leadership et à l’autonomisation des femmes. Enfin et comme nous avons pu le recommander dans notre chapitre précédent, les dépenses publiques à caractère social telles que les dépenses en éducation et particulièrement celle des femmes , en santé et en protection sociale, doivent être renforcées de sorte à améliorer le capital humain des femmes et leur bien-être et permettre ainsi une croissance plus inclusive.
Mots clés Inégalités de genre, indice d’inégalités de genre, croissance économique, dépenses publiques, dépendance interindividuelle, hétérogénéité des pentes, panel VAR, causalité de Granger.